dimanche 18 septembre 2011

"La « démocratie-chrétienne » s’est toujours trompée"

Extrait d'un article de Jean Madiran dans Présent :
D "Je respecte, j’apprécie cordialement la militance catholique de Christine Boutin et son patriotisme ardent. Mais elle est abîmée par son penchant démocrate-chrétien, ce qui lui vaut des hostilités que je déplore et des critiques hélas justifiées. L’effondrement en cours, c’est pour elle « le capitalisme » qui « s’effondre totalement ». Il ne lui vient pas à l’idée que l’effondrement est plutôt celui de la démocratie moderne occidentale, engendrée par la Révolution française de 1789, arrivée maintenant à bout de souffle.

En effet, comme Christophe Geffroy dans La Nef, je crois que c’est bien la démocratie qui est en train de mourir, mais je ne crois pas comme lui qu’elle va mourir « d’être devenue un simple système procédurier, sans aucune base éthique ». La démocratie moderne a une base éthique qui est vécue, transmise, imposée avec une ferveur religieuse, dont on peut décliner le credo, liberté, égalité, fraternité, laïcité, etc. Son âme est une aspiration intense à la justice, mais confondue avec l’égalitarisme, c’est-à-dire l’égalité en toutes choses, jamais atteinte parce qu’antinaturelle, toujours poursuivie cependant, à travers un combat politique permanent, tantôt sous-jacent et tantôt enfiévré, le combat « gauche contre droite » ou bien la « lutte contre toute discrimination », ou encore l’« égalité de toutes les religions », ou même l’« égalité des chances ».
— Quelle alternative, demande Christophe Geffroy, à la démocratie ?
Il répond :
— Bon an, mal an, les seuls pays où existe un Etat de droit allié aux libertés publiques fondamentales sont des démocraties, « couronnées » ou non.
Mais justement, ce système dans son ensemble est un mensonge, celui de sa contradiction interne : sa réalité, qui dès le début avait assuré sa survie, est oligarchique et ploutocratique, et son libéralisme est tyrannique au point de ne laisser finalement subsister aucune « alternative » politique, – aucune en dehors de son effondrement, sanction inévitable de son échec.
L’anarchie mentale et le nihilisme intellectuel où sombrent les grandes démocraties occidentales ne doivent pas dissimuler que la démocratie moderne est une démocratie religieuse : sa « liberté » consiste principalement à se libérer des obligations du Décalogue, son « égalité » vise toutes les hiérarchies, mais surtout la hiérarchie familiale et la hiérarchie ecclésiastique, sa « fraternité » est une fraternité de combat contre tout ce qu’elle qualifie arbitrairement d’antidémocratique. La « démocratie-chrétienne » s’est toujours trompée en croyant venir combler une absence de religion dans la démocratie moderne. En réalité elle s’y heurte à une religion contraire, fort jalouse de sa domination scolaire, médiatique et politique, et subtilement très contagieuse comme on peut le constater."

Trouvé sur le site : Le Salon Beige
Article : "La démocratie chrétienne s'est toujours trompée"


Comme je l'ai dit dans un article précédent, je crois que nous, les québécois, sommes devenu apolitiques. Nous avons besoin de retrouver une pensée profonde sur ce qu'est la gouvernance politique, la notion de "bien commun", le rôle de l'état, son rôle et ses limites et bien d'autres aspects.


J'espère bien m'y mettre un jour. En attendant, cet article me paraît lancer d'importantes pistes de réflexion sur ce que nous appelons "démocratie".

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